Que votre chien prenne de l’âge ou qu’il joue un peu trop fort et se blesse, il est difficile de le voir boiter en attendant de l’emmener chez le vétérinaire. Vous pouvez être tenté de lui donner quelque chose de votre propre armoire à pharmacie pour soulager la douleur. Vous devriez cependant vous méfier de l’ibuprofène que vous donnez à votre chien.
Quel est l’effet de l’ibuprofène ?
L’ibuprofène, qui est le nom générique de produits tels que Advil, Nuprin et Motrin, appartient à une classe de médicaments appelés anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Le processus d’inflammation est complexe et une enzyme appelée cyclo-oxygénase (COX) produit des prostaglandines, qui peuvent ensuite provoquer une inflammation. Les AINS inhibent la COX, diminuant ainsi la production de prostaglandines à l’origine de l’inflammation. Le problème réside dans le fait qu’il existe deux enzymes COX différentes, la COX-1 et la COX-2, et que l’ibuprofène bloque indifféremment l’une et l’autre. Alors que la COX-2 produit les prostaglandines inflammatoires, la COX-1 contribue au maintien d’une muqueuse gastrique normale, à la circulation sanguine vers les reins et même à l’agglutination des plaquettes.
Ainsi, l’ibuprofène ne se contente pas de réduire l’inflammation en bloquant la COX-2, il peut également réduire le mucus protecteur qui tapisse l’estomac, le flux sanguin vers les reins et même augmenter le temps de coagulation.1
Les chiens peuvent-ils prendre de l’ibuprofène ?
Si l’ibuprofène est relativement sûr pour vous, la marge de sécurité est incroyablement étroite chez les chiens. Cela signifie que la quantité dont un chien aurait besoin pour être thérapeutique n’est pas très éloignée de la quantité qui serait toxique. En fait, la dose toxique d’ibuprofène n’est qu’environ 1,5 fois la dose efficace en cas d’utilisation chronique.1 Il existe des AINS spécifiques aux vétérinaires qui ont une marge thérapeutique beaucoup plus large et sont donc beaucoup plus sûrs pour votre chien. Il s’agit de médicaments tels que le Carprofène (Rimadyl, Novox), le Meloxicam (Metacam), le Deracoxib (Deramaxx) et le Grapiprant (Galliprant).
Même si vous avez chez vous d’autres AINS que l’ibuprofène, il est conseillé d’attendre l’avis du vétérinaire avant de donner quoi que ce soit à votre chien. Le passage d’un AINS à un autre nécessite une période d’élimination. Si vous donnez à votre chien un AINS à la maison pour lui permettre de se rendre à son rendez-vous, votre vétérinaire ne pourra pas lui administrer un AINS vétérinaire avant quelques jours. Les périodes d’élimination peuvent varier, mais en général, votre vétérinaire attendra 5 à 7 jours après la dernière dose de médicament administrée à la maison avant de commencer un nouvel AINS. Cette période peut être plus longue si votre chien présente des symptômes tels que des vomissements ou de la diarrhée.
Effets secondaires de l’ibuprofène
Les chiens qui ingèrent de l’ibuprofène peuvent présenter des vomissements (avec ou sans sang), de la diarrhée, des selles foncées et goudronneuses (appelées méléna, ce qui peut indiquer un saignement dans le tractus gastro-intestinal de votre chien), de la léthargie, une diminution de l’appétit, des douleurs abdominales, des gencives pâles ou même jaunes, une augmentation ou une diminution de la prise de boisson et de la miction, des tremblements, des crises d’épilepsie, le coma et même la mort. Les symptômes peuvent apparaître entre deux et six heures après l’ingestion. Les symptômes les plus graves peuvent n’apparaître que quelques jours après l’ingestion.
Toxicité de l’ibuprofène chez le chien
En cas d’ingestion aiguë, la dose toxique d’ibuprofène est considérée comme étant de 11 mg par livre1. Comme nous l’avons déjà mentionné, cette dose peut être aussi faible que 3 à 4 mg par livre si elle est administrée de façon chronique.
Le premier niveau de toxicité est considéré comme étant gastro-intestinal2. C’est là que l’inhibition de la muqueuse de l’estomac de votre chien entre en jeu. Le mucus de l’estomac de votre chien protège la muqueuse de l’environnement incroyablement acide du contenu de l’estomac. Avec moins de mucus pour la protéger, la muqueuse peut développer des ulcérations qui peuvent commencer à saigner. Cela peut entraîner des vomissements de sang et du méléna. Si on le laisse progresser sans réagir, un ulcère peut même rompre complètement la paroi de l’estomac, ce qui constitue en soi une urgence vitale.
Le niveau suivant de toxicité de l’ibuprofène est lié à la fonction rénale de votre chien et peut survenir à des doses légèrement plus élevées que le premier niveau.3 Rappelez-vous que certaines prostaglandines favorisent le flux sanguin vers les reins. Lorsque ce flux sanguin diminue, les toxines qui seraient normalement filtrées par les reins s’accumulent. Cela peut endommager les reins et ces dommages peuvent être temporaires ou permanents, en fonction de la rapidité de l’intervention médicale et de l’état de santé des reins avant qu’ils ne soient endommagés.
Le dernier niveau de toxicité de l’ibuprofène est lié au système nerveux de votre chien.4 À des doses très élevées, l’ibuprofène peut provoquer des tremblements et des convulsions chez les chiens. Il peut même plonger votre chien dans le coma !
Que faire si votre chien prend trop d’ibuprofène ?
Si vous vous rendez compte que votre chien s’est emparé de votre réserve d’ibuprofène, vous devez demander l’aide d’un vétérinaire dès que possible. Non seulement votre vétérinaire peut faire vomir votre chien si cela ne fait qu’une heure environ qu’il a absorbé le médicament, mais le pronostic de votre chien est bien meilleur si l’intervention médicale est sollicitée plus tôt que plus tard. N’attendez pas que votre chien devienne symptomatique. Évitez de lui donner quoi que ce soit à la maison, comme du Pepto-Bismol ou du Kaopectate ; certaines formulations peuvent contenir des salicylates, qui peuvent interagir avec l’ibuprofène et causer d’autres dommages.
Le traitement dépendra de la quantité d’ibuprofène ingérée par votre chien. Certains cas peuvent nécessiter une hospitalisation pour l’administration de fluides intraveineux afin de soutenir le flux sanguin vers l’estomac et les reins, des médicaments pour protéger l’estomac de votre chien, et des tests sanguins fréquents de la fonction rénale pour s’assurer que votre chien réagit au traitement. Les cas graves peuvent nécessiter des relaxants musculaires pour prévenir les tremblements et les crises d’épilepsie, ainsi que des transfusions sanguines pour reconstituer non seulement le sang perdu par les ulcères gastro-intestinaux du chien, mais aussi les facteurs de coagulation pour aider les ulcères à cesser de saigner.
En ce qui concerne les AINS pour chiens, il existe des variétés beaucoup plus sûres que l’ibuprofène. Il est toujours préférable de garder vos médicaments hors de portée de votre chien et de toujours vérifier auprès de votre vétérinaire avant de lui donner vos propres médicaments.
